Le terme de « vendeur » n’a pas toujours une bonne connotation. L’image qui vous vient en tête est peut-être celle d’un homme, cheveux grisonnant, veston brun, voulant vous vendre une assurance ou une voiture usagée.
C’était du moins le cas pour moi, jusqu’à aujourd’hui. Car la vente, de nos jours, c’est bien plus que de faire du porte à porte pour vendre des balayeuses. Que vous soyez à la recherche d’un voyage ou d’une voiture, l’information est dorénavant si facilement accessible, que le vrai travail d’un bon vendeur consiste plutôt à vous aider à bien identifier votre besoin, à vous poser les bonnes questions et à vous approprier pleinement la solution à votre problème.
La vente, d’hier à aujourd’hui
Votre père ou grand-père a probablement acheté sa première voiture usagée avec un minimum d’information et au bout d’une brève négociation de quelques centaines de dollars, parce que c’était la coutume. Et s’il n’était pas satisfait, il en jasait à quelques connaissances, mais c’est tout.
Aujourd’hui, avant même de rencontrer le vendeur, vous pouvez tout connaître du véhicule: qualité, critiques, historique, prix de revente moyen etc… Alors vous vous attendrez du vendeur qu’il vous aiguille dans la bonne direction, qu’il confirme votre choix et qu’il vous fasse réaliser si vous êtes en train de faire un mauvais choix. Et si vous n’êtes pas satisfait, ce sont vos 500 amis facebooks qui le sauront et qui passeront le mot!
Nous sommes tous des vendeurs
D’une certaine façon, et comme le dit Daniel H. Pink dans « To Sell is Human », nous sommes tous des vendeurs. Chacun de nous doit, dans le contexte de notre travail ou de notre vie personnelle, vendre, convaincre, faire bouger les gens, diriger et inspirer. Nul besoin de travailler à commission. Vous avez sans doute déjà eu à vendre une cause à votre patron, un objet usagé sur Kijiji ou vous-même sur un site de rencontre.
Le pharmacien dans tout ça?
En tant que pharmacien propriétaire, j’ai un rôle de commerçant, mais ce n’est pas le but de cet article.
Mon travail de pharmacien fait de moi un professionnel de la santé d’abord et c’est la partie qui m’est la plus chère. C’est ce que j’ai étudié: la science des médicaments et leur impact sur l’organisme et la maladie. Ces connaissances sont la fondation sur laquelle je développe des liens privilégiés avec les gens. C’est ainsi que j’ai l’impression de faire une différence dans la santé, le bien-être et ultimement dans la vie des gens.
La réalité c’est que, même derrière le comptoir, je dois être… un vendeur.
Naturellement, je vous vend ma pharmacie comme étant la meilleure… les génériques comme étant un meilleur choix… un certain produit en vente libre comme étant celui qui vous convient ou un supplément comme étant la meilleure option pour pallier à un problème.
Mais il y a une chose qui demeure parfois très difficile à vendre: votre santé à vous, au sens large.
Je ne parle pas des pilules, ni des crèmes ou des vitamines. Car toutes ces choses sont bien faciles à vendre, surtout lorsqu’un assureur paye toute la facture ou qu’un problème de santé imminent vous inquiète.
Mais il y a une énorme différence entre vous vendre l’idée de prendre des médicaments tel que prescrit et celle de prendre votre santé en main de A à Z.
Une prescription vous aidera à contrôler UN problème, mais ne vous fera pas atteindre votre santé idéale. Celle-ci demande une plus grande implication, et c’est à moi de vous la vendre.
Des professionnels formés pour y arriver
Voilà pourquoi, dès notre 1ère année d’université, les pharmaciens apprennent des conseils, des mesures et des trucs autres que les médicaments. Par exemple, j’aime mieux vous vendre un tensiomètre qui vous aidera à maîtriser votre pression plutôt qu’un 2e médicament pour celle-ci… mais il est bien souvent difficile de vendre cette idée aux patients!

L’Université de Montréal, où j’ai étudié, tout comme plusieurs de mes collègues de la région de Montréal.
Voilà aussi pourquoi les pharmaciens travaillent avec des infirmières pour prévenir la grippe saisonnière et les infections lors de voyages… encore là, c’est à coup de campagnes publicitaires que les gens doivent être convaincus!
Voilà pourquoi, le petit bout de papier griffonné par votre médecin, et bien non ce n’est pas un médicament, mais plutôt une note concernant un enseignement requis, une orthèse spécialisée, un ajustement nécessaire ou un régime alimentaire que je dois vous expliquer dans les quelques précieuses minutes que nous avons ensemble. Bien des idées à vous vendre en peu de temps!
Il faut être 2 pour conclure la vente
Tous les efforts mis en oeuvre par vos professionnels de la santé ne servirons à rien si vous n’êtes pas « vendu » à l’idée que votre objectif ultime, c’est la santé. Si vous ne vous appropriez pas cet objectif, les mauvais choix feront surface dès que vous re-déposerez votre vial de prescription sur le comptoir.
Je ne crois pas porter sur mes épaules toute cette responsabilité, mais une bonne partie me revient certainement. Et dans un contexte où les obstacles entre vous et votre santé sont si nombreux, je me dois d’être un vendeur très efficace afin de vous convaincre que la santé, c’est un bon deal!

Je me sens parfois comme Donald Trump qui tend la main lorsque j’essaye de convaincre quelqu’un de prioriser sa santé!
Alors, en plus de me garder au fait des médicaments et de gérer ma pharmacie… j’essaye d’être un meilleur « vendeur »!
Et vous, êtes-vous acheteur?