Parfois, en écrivant ce blog, je deviens victime du fameux syndrome de l’imposteur. Qui suis-je exactement pour parler de sujets aussi variés, et prétendre savoir ce dont je parle? Devrais-je m’en tenir seulement à la pharmacie et aux médicaments?
L’aspect « académique » de mon CV est assez simple: j’ai un baccalauréat en pharmacie et une dizaine d’années d’expérience et de formations continues centrées sur la pratique de la pharmacie d’officine. Je n’ai pas de Ph.D. Je n’ai pas de spécialité, de recherches publiées, ni de prix ou distinctions particulières.
De plus, j’ai parfois l’impression que je frôle la limite entre ma libre expression et la pratique illégale de la psychologie.
Et pire encore, chaque fois que ma curiosité me mène à approfondir mes connaissances sur un certain sujet, je m’incline d’humilité devant les connaissances, la persévérance et le dévouement de certains spécialistes et chercheurs qui repoussent sans cesse les limites de leurs domaines respectifs. Qu’ils soient chercheurs en oncologie, psychologie, astrophysique ou biochimie, ils sont les détenteurs et les créateurs de connaissances ultimes.
Qui suis-je à côté de ces experts, ces passionnés, ces sommités? Je les admire, et je les envie presque. Non pas pour la reconnaissance et les distinctions qu’ils méritent amplement, mais plutôt pour le luxe qu’ils ont de pouvoir dédier autant de leur temps sur un sujet qui les passionne. Tant mieux pour eux! (et pour vous peut-être!)
Ma carrière m’a mené vers une branche de pratique, celle de la pharmacie, qui est plus « généraliste ». Je ne serai jamais expert de la cardiologie ou de l’oncologie. Mais je suis capable de référer un patient chez qui je craint un ICT, lire des états financiers, conduire une entrevue, recommander un produit naturel, créer un site web, monter une affiche publicitaire, évaluer un stagiaire, négocier une entente avec un fournisseur etc…
Par la force des choses, je suis devenu ce généraliste. Et parce que j’aime savoir ce que je fais et ce dont je parle, je suis devenu un insatiable curieux. Je suis obsédé à découvrir tout ce qui touche de près ou de loin au monde de la pharmacie, des affaires et du bien-être dont je fait partie.
Même s’il n’est pas si impressionnant sur un CV, je crois que ce parcours que je poursuis me mène sur une voie qui est bien adaptée au 21e siècle: celle d’être un bon trieur. Mes tâches et obligations variées m’ont obligé à bien identifier ce qui mérite d’être appris, quand et comment l’apprendre, et à qui le transmettre. Car au 21 siècle, ce n’est dorénavant plus la quantité de connaissances que vous êtes en mesure d’accumuler qui compte le plus. C’est plutôt de trouver l’information de qualité, au bon moment et de bien la transmettre.
Le travail de pharmacien en est un bon exemple. Vous ne voulez certainement pas d’un pharmacien qui vous énumérera 100% des mises en gardes, effets secondaires et données importantes concernant vos médicaments. Même si c’était possible pour vous et lui de tout mémoriser, vous serez probablement étourdi et apeuré. Vous voulez plutôt un pharmacien qui va trier judicieusement l’information et vous transmettre efficacement les quelques éléments importants, sans plus. Même chose si vous magasinez du vin, un appareil photo ou des assurances.
L’intégralité de tout ce qui peut se savoir vous est accessible en quelques secondes, merci à tout ceux qui ont fait grandir les connaissances de l’humanité. Le travail difficile est maintenant de trier à travers toute cette information pour bien servir chaque individu.
Même si nous vivons dans une ère ou toute la connaissance est disponible partout, n’importe quand et à n’importe qui, nous nous retrouvons plus souvent qu’autrement ensevelis et perdus à travers ces piles de courriels, revues, notifications, formations, cartables, etc… Quoi lire? À quoi s’intéresser? Qui croire? Que prioriser? Que faire face à des données en apparence contradictoires? (Pauvre noix de coco qui est la plus récente victime de cette réalité..)
Alors, j’ai tout autant d’admiration envers les scientifiques et les spécialistes qu’envers les trieurs, ces individus qui se dédient à démêler toute l’information, bonne et moins bonne, qui nous bombarde chaque jour, afin d’en extraire les plus belles perles. Ces gens nous permettent de lire, écouter, voir, apprendre et acheter ce qui compte vraiment… à condition de distinguer les trieurs fiables de ceux et celles qui ne souhaitent que profitez de vous via leurs recommandations.
Il faut de tout pour faire un monde. Je ne serai jamais un spécialiste, du moins pas dans l’horizon qui se dresse devant moi pour l’instant. Mais il y a forcément au moins une personne, quelque part, qui partage certains de mes centres d’intérêts. Alors si je parviens, via ce blogue, à susciter une réflexion chez un lecteur, ou que je lui permet d’apprendre quelque chose de pertinent, j’aurai la fierté de contribuer à la lutte contre le cancer; non pas le cancer qui affecte le corps humain, mais celui qui nous ensevelie à tous les jours sous une surabondance d’information qui s’auto-nourrit et qui nous aura à l’usure, si on ne se défend pas.
Merci de me lire, même si je ne suis pas spécialiste! Et si vous êtes un trieur à votre façon, ne vous gênez surtout pas. Journaliste, vendeur, blogueur, conseiller, peu importe.. nous avons besoin de vous!