Nous pouvons nous compter chanceux de vivre dans une époque où les pouvoirs de la connaissance, de la technologie et d’une société démocratique peuvent se combiner de façon généralement intelligente pour réduire les conséquences d’une pandémie. On ne connaît par encore la fin de l’histoire, mais de toute apparence, on s’en sortira mieux ce qu’ont connu nos prédécesseurs.
Il y a toutefois un autre côté à cette médaille. À mon avis, l’appropriation de la crise par l’état et les médias favorise fortement le stress chronique et la déresponsabilisation individuelle de sa santé.
Les flash-nouvelles: pour le meilleur et pour le pire
Je suis hésitant à blâmer les médias, dont l’utilité est évidente en temps de crises. N’empêche que l’offre de contenu médiatique ne craint pas les virus et ne se met pas en quarantaine! Les heures d’antenne et fils d’informations de toutes les plate-formes doivent être comblées, et avec les sports en quarantaine, il n’y a plus qu’un sujet suscitant notre attention: le virus.
Jusqu’à un certain point, je suis bien content de pouvoir me faire une idée de l’évolution de la situation en quelques clics. Mais lorsque les alertes se succèdent, entre-mêlées de reportages sensationnalistes d’altercations pour du papier de toilettes, on se retrouve soumis à un stress grandissant et persistant. Avec chaque heure qui passe, ce stress devient chronique.
Il est grand temps de rationaliser, et je dirais même réglementer, ces communications incessantes. Les écritures rouges, les mises à jours continuelles, les alertes venant de chaque entreprises à qui j’ai un jour donné mon courriel m’avisant qu’ils font le ménage… Vu la nature de la situation, n’est-ce pas envisageable de limiter les nouvelles à 2 points de presse par jour, rassemblant le plus d’instances possibles? Est-il vraiment pertinent et bénéfique d’avoir de l’information en temps réel sur la pandémie? De rafraîchir les décomptes? Est-ce vraiment pour le mieux de notre santé? Sans compter que, plus les nouvelles sont sensationnalistes et exagérées, plus elles tendent à polariser les opinions. Ainsi, une majorité de la population panique tandis que d’autres crient au complot. Une telle divergence dans la perception des nouvelles peut nuire, à un certain point, à l’exécution optimale des mesures préventives.
Purell ou pas, prendre soin de soi.
Pas du Purell? Pourquoi ne pas mélanger de la vodka et de la vaseline, en faire une chaîne youtube et les vendre 100$ la bouteille?
(SVP ne faites aucune de ces choses)
Encore mieux, vous pouvez faire ce dont personne parle et ce que personne ne me demande à la pharmacie. Ce qui minimisera les risques de complication pour vous et par le fait même de propagation à votre entourage. Vous pouvez prendre soin de votre santé.
Se protéger du stress chronique
Une étude a montré que les individus exposés à un stress chronique sont jusqu’à 2 fois plus à risque de développer une infection virale. Au-delà des statistiques, c’est une évidence pour quiconque ayant eu un feu sauvage en fin de session ou un rhume de 3 semaines lors de stress au travail: le stress chronique est le meilleur ami des virus. Donc il n’est pas le vôtre!
Le sommeil à l’ère du défilement infini
Comment fermer les yeux lorsque chaque app de votre iPhone propose un flux infini d’alertes présentées sur 12 pouces carrés de lumière bleue? Presqu’impossible. Surtout considérant que l’insomnie est déjà un problème chronique de notre époque. Quoi qu’il en soit, notre système immunitaire s’en fiche. S’il n’a pas les 7 à 8 heures de sommeil dont il a besoin, c’est un taux gonflé de cortisol qui se chargera de nous garder dans un état d’éveil forcé. Un état dans lequel les fonctions immunitaires en prennent un coup et où la ghreline nous porte à manger n’importe quoi.
Quoi se mettre dans la bouche? (surtout pas vos doigts!)
Les divers suppléments sur le marché n’ont jamais pu démontrer une claire efficacité contre les éclosions de virus. En toute transparence, je prend régulièrement des multivitamines, du zinc en hiver et ponctuellement des produits de ginseng. Mais je n’ai aucune grande attente envers ces produits et je n’en suis pas moins vigilant au quotidien. De plus, je sais qu’ils sont sans risques pour moi.
S’il n’est pas indiqué de recommander largement de tels produits, il n’y a jamais eu de meilleur moment pour s’alimenter le mieux possible. Tant qu’il restera des fruits, légumes et sources de protéines de qualité dans les supermarchés, les nutriments dont a absolument besoin notre système immunitaire pour combattre le virus sont à notre disposition. Pour ceux qui n’avait pas tenu leurs bonnes résolutions de janvier d’opter pour une bonne alimentation, c’est le temps de s’y remettre!
Bouger, même enfermé
Pour ceux qui parviendront à se libérer quelques minutes de leurs enfants au cours des prochaines semaines, pourquoi ne pas en profiter pour faire un peu d’exercice? Je ne connais pas de meilleur moyen de canaliser l’abondance d’hormones de stress à laquelle nous ferons tous face. Inutile de spécifier que l’exercice (modéré ou à intervalles plus intenses) est également une excellente façon de maintenir un système immunitaire prêt à combattre le mieux possible les infections des voies respiratoires.
En prévention, c’est à nous de jouer
Je ne suis pas expert en infectiologie ni en psychologie. Je ne souhaite pas non plus remettre en cause les mesures préventives de la propagation du virus mises en place – bien au contraire. Mais en tant que pharmacien, je me considère bien placé pour constater l’importance d’une bonne hygiène de vie face aux problèmes chroniques et infectieux. Je souhaite sincèrement que ce message prenne une plus grande place dans l’actualité.
Et pourquoi ne pas en faire de nouvelles habitudes de vie permanentes? Il est encouragent de voir que le virus ralentit à certains endroits. Mais si l’histoire peut nous apprendre quelque chose aux sujets des pandémies, c’est que tôt ou tard, il y en aura d’autres…
Du Purell aussi, apparemment!