Un verre de styromousse

Qu’ont en commun les cartes de Noël de vos fournisseurs, les billets de hockey dans la loge, les soupers d’affaires dont vous ne voyez pas la facture et la plupart de vos invitations LinkedIn?

Ils ne sont pas vraiment pour vous, mais plutôt pour le poste que vous occupez.

La distinction n’est pas toujours claire, mais elle est bien importante. Certes, il est important de se sentir accompli au travail. S’y épanouir est essentiel au bien-être. (Et une source importante de sérotonine et de dopamine.) Au long de votre parcours et surtout à un certain niveau de succès, des avantages vous seront fort probablement présentés.

Ces traitements de faveur bien attrayants peuvent même devenir une source de motivation et donner envie de grimper les échelons. Après tout, c’est leur raison d’être. Quelle est la première chose qui vient à la tête d’un employé de chez Desjardins lorsqu’on lui parle du VP de son département? Je ne serais pas surpris que ce soit les billets de saison qui viennent de temps en temps avec son poste!

 Ne pas se faire avoir

Je ne veux pas entrer dans le débat éthique (parfois fondé, parfois non) entourant ces avantages. Au-delà de ces questionnements se trouve un autre danger: celui de se lier d’attachement avec les petits conforts accompagnant le succès. Car dès le moment où ils sont à notre portée, le temps est compté avant que ceux-ci nous glissent des mains.

Le principe est bien illustré par Simon Sinek dans son livre Leaders Eat Last. Il y raconte l’histoire d’un fonctionnaire américain haut gradé participant à une conférence. Aussitôt sorti de l’aéroport, un chauffer privé l’attend avec une pancarte portant son nom. À l’hotel: pas besoin de faire la file, le « check-in » a déjà été fait pour lui. Et juste avant d’avoir à monter sur scène, on lui offre son café. Un café bien chaud, dans une tasse de céramique.

Puis, l’année suivante, il retourne à la même conférence. Étant retraité, il y revient en son nom personnel. L’histoire fut bien différente. Pas de pancarte à son nom en vue; direction kiosque de taxi. Une fois à l’hotel, le lobby déborde, et il doit faire la file, sortir sa carte d’identité et sa carte de crédit pour le « check-in ». Puis avant d’aller sur scène, un petit café en coulisse… dans un verre de styromousse.

Car tout ce qu’on mérite, au bout du compte, c’est un verre de styromousse.

Tout le reste est une illusion qui disparaîtra un jour.

Pas trop découragé? J’espère que non. Car des motivations à se dépasser, il y en a des bien d’autres. L’opportunité de faire apparaître un sourire sincère chez son client, de faire progresser un collègue plus novice, de laisser une empreinte bien à soi dans son entreprise ou sa communauté, de se démarquer d’une façon inusitée. Et sans oublier, la motivation de faire un peu plus d’argent, juste assez pour écrire votre histoire, à votre façon.

Ne nous arrêtons pas à la tasse ou au verre que l’on nous sert… tant qu’on peut y verser ce qu’on veut et l’apprécier selon ses propres critères.

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